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La cote d’alerte quasiment franchie à Sfax

La colère gronde dans le milieu des affaires

A l’Union régionale de l’industrie, du commerce et de l’artisanat de Sfax (Urica),  la colère qui couve depuis l’avènement de la Révolution, en raison de l’anarchie envahissante, commence à gronder. Vu l’ampleur de la dégradation de la situation, il est même question de franchir le Rubicon.
A l’Urica, les réunions se succèdent, ces derniers temps, à la demande des structures adhérentes pour dénoncer la crise profonde qui frappe de plein fouet les commerces, les services et les entreprises, de plus en plus menacés d’effondrement.
En effet, au mois de juillet, dix jours après la réunion du Bureau exécutif de l’institution, le 11 du mois, une réunion exceptionnelle, suivie d’une troisième, le 02 août courant, se sont tenues à la demande des adhérents aux abois, dont bon nombre « accablés de dettes ne sont plus en mesure d’affronter les adversités qui s’abattent sur leurs entreprises ».
En conséquence, et «après avoir épuisé tous les  efforts de dialogue, les contacts directs et les correspondances officielles, les structures de l’Union annoncent qu’elles seront dans l’obligation  d’opter pour l’escalade afin de préserver la pérennité des postes d’emploi, en régression constante ».

Vers la désobéissance fiscale
En matière d’escalade, plusieurs sources auprès des hommes d’affaires et des commerçants n’hésitent pas évoquer la probabilité d’observer des grèves et, éventuellement, de déclarer la désobéissance fiscale, en attendant l’éradication du phénomène de la contrebande.

Corollaires de la baisse du taux de change
Les structures de l’Urica se disent, en effet,profondément préoccupées par la baisse du taux de change, dont les répercussions en cascade se déclinent en hausse du coût de la production et des prix et, par ricochet, en baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, donc en aggravation  de la récession économique dont résulte, à son tour, la baisse de la compétitivité des entreprises.

Décisions verticales
Les mêmes structures condamnent fermement l’adoption de décisions politiques, imposées de façon verticale aux commerçants et aux industriels, dans le mépris total de leurs intérêts et des besoins du marché, à l’instar de l’avancement de la période des soldes, en dépit d’accords initiaux portant rejet de ladite période lors de consultations précédentes, à l’instar, également, de la décision portant interdiction de la fabrication de sachets en plastique, sans mesures préalables à même d’éviter la faillite des usines de production.

Laisser-aller et anarchie
Pointant du doigt l’ampleur des fléaux de la corruption et de la contrebande, les industriels et les commerçants attribuent «le pourrissement de la situation au laxisme flagrant des autorités et de l’administration en particulier, en matière de lutte contre l’étalage anarchique, les infractions de toutes sortes et l’évasion fiscale. De quoi pénaliser le secteur formel en règle avec la loi et l’administration fiscale ». Les autorités et les administrations sont accusées non seulement d’imposer des décisions verticales, sans tenir compte de leurs effets sur les secteurs d’activités concernés, mais, pis encore, de servir les intérêts de tierces parties. Au point que le commerce informel représente 54% du commerce global et que les barons de la contrebande et du commerce parallèle ont établi leur hégémonie sur de nombreux secteurs d’activités, assurés qu’ils sont de l’impunité, alors qu’ils sont en train de saper les fondements de l’économie nationale, au bord du gouffre.

Tant qu’il est encore temps
A l’Urica de Sfax, la détermination à engager la bataille contre les dépassements et le laisser-aller est en train de fédérer les volontés et de mobiliser les différentes chambres syndicales en vue d’exercer la pression qu’il faut sur les autorités et de les amener à la révision des textes de loi régissant le système fiscal et l’investissement. A ce propos, l’administration centrale, les représentants du peuple et les responsables politiques sont mis devant leurs responsabilités et sommés d’agir avant que la situation ne soit inéluctablement compromise.

Auteur : Taïeb LAJIL

La presse

09/08/2016