Accidents en milieu professionnel
La formation des secouristes dans les entreprises
Les secouristes en milieu professionnel peuvent sauver des vies humaines dès les premières heures de l’accident, mais sont capables aussi d’anticiper et d’alerter le chef d’entreprise en cas de risques d’accidents pour prendre les mesures préventives nécessaires.
Les accidents du travail en milieu professionnel sont de plus en plus nombreux. Certains secteurs présentent plus de risques d’accidents, parfois mortels, que d’autres. Faute de secouristes bien formés, le travailleur peut passer facilement de vie à trépas. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics, de l’électricité et de l’électronique, de la chimie, du textile et habillement, à titre d’exemple, enregistrent annuellement un nombre élevé d’accidents malgré les dispositions de sécurité prises pour la protection des ressources humaines.
Lors des XIes Assises en Santé et Sécurité au Travail (voir La Presse du 22 mai) —organisées les 21 et 22 mai par l’Institut de la sécurité et de la santé au travail en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, le Bureau international de travail et l’Institut national (français) de recherche et de sécurité (Inrs)— un programme de formation de secouristes de travail a été mis en exergue. Il s’agit, en définitive, de réduire un tant soit peu le nombre de ces accidents dus parfois à de faux gestes ou à une déconcentration. Certains médicaments agissent aussi sur le subconscient du travailleur et diminuent sa vigilance. Les travailleurs qui utilisent, par exemple, les produits inflammables, les machines coupantes, les postes de soudure et les matières lourdes sont menacés par des accidents graves s’ils ne font pas preuve de vigilance et de concentration tout au long des heures de travail.
Identifier les dangers potentiels
Un accord a été conclu avec le groupe de travail, réunissant les intervenants concernés dans le ce domaine lors de la réunion du 18 mars 2014 pour mettre en place un programme de formation de secouristes au travail, dont l’objectif stratégique est de disposer de secouristes en milieu professionnel capables d’intervenir rapidement afin d’éviter l’aggravation de l’état de santé de la victime en attendant l’arrivée des secours spécialisés. Les premiers secours sont capitaux pour la survie de la victime. Les secouristes n’utilisent pas, souvent, de lourds équipements, mais se contentent de certains gestes pertinents et éventuellement de médicaments. Dans la plupart des cas, le secouriste est appelé à arrêter une hémorragie, à aider la victime à retrouver son souffle et à reprendre conscience...
D’où l’importance de ce programme de formation qui peut concerner tout travailleur. Malgré les soins, la victime d’un accident de travail peut rester toute sa vie handicapée, totalement ou partiellement— et sera incapable de reprendre ses activités. Un investissement important est alors alloué aux soins de la victime qui peut perdre son poste ou s’absenter une longue période. Les secouristes formés ont donc un rôle déterminant à jouer dès les premières heures de l’accident. A la fin de cette formation les participants seront capables notamment de donner l’alerte correctement, de prodiguer les premiers secours appropriés, selon l’état de la victime, et de contribuer à améliorer l’organisation des premiers secours dans leur entreprise.
Ce programme vise, par ailleurs, à atteindre partiellement des objectifs pédagogiques, comme la capacité de reconnaître les enjeux liés aux accidents du travail (circonstances de survenue et conséquences sur la victime, l’entreprise et sur la Caisse nationale d’assurance-maladie). La personne affectée à ce poste aura une idée, également, sur l’intégrité de l’organisation des secours dans l’entreprise. Le secouriste est appelé à anticiper en identifiant les dangers potentiels pour pouvoir alerter le chef d’entreprise. Ce dernier sera obligé alors de faire les correctifs nécessaires sur le système de sécurité en achetant, au besoin, les équipements de protection nécessaires.
Le secouriste met en œuvre une action de protection adaptée à la situation de l’entreprise, effectue un dégagement d’urgence de la victime, si nécessaire, avant d’élaborer un bilan de l’état de santé de la personne blessée. Il est urgent d’effectuer correctement l’action appropriée, adaptée à l’état de santé de la victime qui peut souffrir d’une lésion, d’un malaise, d’une perte de connaissance, qui exigent une évacuation immédiate à l’hôpital ou l’unité de soins s’il n’y a pas de contre-indications.
Le secouriste reconnaît les principaux risques professionnels existant dans l’entreprise et les moyens de prévention adéquats. En maîtrisant ainsi la situation da la santé et de la sécurité, le secouriste pourra effectuer sa tâche facilement et efficacement sans affolement ou perte de temps, en cas d’accident aussi grave soit-il. La durée globale de la formation prévue est de 18 heures réparties sur plusieurs séquences. Le nombre de participants par session est au minimum 6 et au maximum 18. Le formateur, dont le niveau d’instruction est au moins le baccalauréat, doit être titulaire d’une attestation de formateur de secouriste au travail, valide d’une durée de deux ans. Tout travailleur intéressé peut bénéficier de la formation de secouriste. Les équipements minimum nécessaires pour assurer une session de formation de qualité ont été définis. L’apprentissage est à validité limitée de 2 ans. Un recyclage est nécessaire tous les deux ans pour mettre à niveau les connaissances des secouristes.
Auteur : Chokri GHARBI
La Presse / le : 01-06-2014